Peut-on sauver le modèle économique du photovoltaïque français ?

Le fonctionnement des marchés d'électricité des pays voisins

Lorsque la production d'énergie photovoltaïque fait son apparition sur le marché belge, néerlandais ou allemand, ces pays cessent leur production d'électricité issue des centrales à gaz. Quelles en sont les raisons ? Tout d'abord, il est à la fois économiquement et écologiquement plus judicieux de produire de l'énergie solaire plutôt que de s'appuyer sur des sources d'énergie fossiles ou d'autres sources d'énergie vertes (biomasse, hydroélectricité...).
De plus, cet arrêt est techniquement plus aisé. Il est en effet possible d'interrompre temporairement le fonctionnement d'une centrale à gaz ou à charbon.  Ainsi, lorsque l'énergie solaire pénètre sur le marché, elle se retrouve en concurrence avec un nombre restreint de sources d'énergie, ce qui permet de garantir une rémunération à un prix convenable.

Une particularité française

À l'inverse, lorsque la production d'énergie photovoltaïque émerge sur le marché français, il n'est pas toujours économiquement souhaitable d'interrompre la production nucléaire. 

Il semblerait également que la modulation de production d'une centrale nucléaire soit plus complexe que pour une centrale à gaz par exemple. Toutefois, la puissance de production des centrales nucléaires reste modulable d'une part, et, d'autre part, ces dernières peuvent être temporairement déconnectées du réseau. Toujours est-il que, pour des raisons techniques ou purement politiques, lorsque, à midi durant l'été, le pays est submergé par une abondance d'énergie solaire, cela entraîne trois conséquences majeures : - Une pression à la baisse sur les prix du marché, provoquant des effets néfastes, notamment pour le secteur photovoltaïque, en raison d'une offre excédant la demande. - Une interruption de la production photovoltaïque, sous réserve de pénalités, à la demande du gestionnaire de réseau. Cette stratégie française complique la rentabilité de l'énergie solaire en France, davantage que celle de ses homologues européens.

Des changements sociétaux complexes à mettre en œuvre

Ainsi, quelles pourraient être les solutions envisageables pour sauvegarder le modèle économique de la filière solaire française ? Une première approche pourrait consister à réajuster nos habitudes de consommation afin qu'elles soient plus marquées en milieu de journée et durant les week-ends, tout en étant moins prononcées en soirée et en semaine. Le développement de systèmes de stockage d'énergie, tels que les batteries, pourrait également jouer un rôle significatif dans cet équilibrage à court terme. Cependant, cette mesure ne sera pas suffisante, car la majorité des baisses de prix résultant du déséquilibre entre l'offre et la demande se manifestent principalement au mois de mai et au mois d'août. Que faire alors ? Envisager de déplacer les jours fériés de mai vers le mois de novembre ? Prendre ses congés d'été en décembre ? Au-delà de la complexité de tels changements sociétaux, cela n'épargnerait pas le réseau d'un nécessaire surdimensionnement pour faire face aux pics de production et ne préparerait pas une trajectoire plus globale de sobriété. Quelles en seraient alors les implications économiques et environnementales ?

Faire de la place au solaire, moduler d'autres énergies

Une dernière solution consisterait soit à moduler notre production d'autres énergies, en particulier nucléaire.

Pour le solaire, cette solution aurait plusieurs avantages : - Rétablissement de l'équilibre sur le marché du photovoltaïque, et éventuellement, celui d'autres énergies d'appoint, - Suppression des restrictions de production pesant sur les énergies renouvelables, - Amélioration de la gestion de l'évolution de l'offre et de la demande à court terme, - Possibilité de s'engager dans une trajectoire de sobriété à long terme, grâce à des systèmes de production qu'il est techniquement aisé d'interrompre lorsque la demande diminue. Reste à savoir si ce changement de stratégie peut ou non se faire en modulant la production nucléaire... ou s'il conviendrait de remplacer cette énergie par des productions plus modulables.

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