Les freins socio-économiques à la rénovation énergétique
Quels sont les freins à la rénovation énergétique que peut résoudre le marché ? Quels sont les freins sociaux pour lesquels les mesures économiques sont inutiles ?
Une histoire naturelle de l'architecture - Retour sur l'ouvrage de Philippe Rahm
Une architecture réconciliée avec nos besoins naturels
Le résumé du livre donne un aperçu des thématiques que souhaite aborder l'auteur "Pourquoi notre nature homéotherme a donné naissance à l’architecture ? Comment le blé a engendré la ville ? Comment les petits pois ont fait s'élever les cathédrales gothiques ? Ce que les dômes doivent à la peur de l'air stagnant ? Comment un brin de menthe invente les parcs urbains ? Pourquoi l’éruption d’un volcan a-t-elle inventé la ville moderne ? Comment le pétrole a-t-il fait pousser des villes dans le désert ? Comment le Co2 est-il en train de transformer les villes et les bâtiments ?". Bref, ici l'histoire de la ville et de ses bâtiments se noue avec notre histoire corporelle et celle de notre environnement. De quoi se reconnecter à l'essentiel et de prendre matière à penser à l'heure où le spectre des épidémies ressurgit et où le prix des énergies fossiles s'envole. Cet article revient sur quelques notions abordées dans le livre... l'idéal étant bien sûr de le lire intégralement !
Non-affectation des espaces et adaptation saisonnière
L'ouvrage nous rappelle que la spéciation des pièces est née avec la modernité. D'une part, la plupart des habitations ne disposent pendant longtemps que d'une pièce unique dans laquelle tous les usages se répondent. Le "foyer" qui sert moins à réchauffer qu'à cuire et éclairer profite à toutes les tâches. Toutefois, les bâtisses plus aisées proposent des pièces souvent non-affectées. Les meubles - plus rares qu'aujourd'hui - peuvent être facilement déplacés ainsi que les textiles (tapisseries et rideaux) à vocation de décoration...mais surtout d'isolation. Le seigneur peut occuper les quartiers Sud en hiver et ceux du Nord en été. Au XXe siècle, la découverte des énergies fossiles "rend inutiles les boiseries, tapis et tapisseries, miroirs et lustres". La décoration est épurée mais aussi vidée de tous les éléments visant à accroître le confort thermique et lumineux, supplantés par les radiateurs et lampes. Surtout, il devient possible de conserver la même chambre toute l'année.
La toiture avant les murs et l'espace public comme refuge
"L'architecture commence par le toit, que le climat soit chaud ou froid". La fonction première du toit est de protéger du soleil et de la pluie, soit de profiter de l'apport de chaleur par radiation ou sa perte (par radiation également, la nuit). Toutefois, le toit n'empêche par la convection et la conduction, soit les échanges de chaleur au contact de l'air. Les murs protègent ensuite le corps du refroidissement convectif du vent ; mais globalement, et ce malgré l'arrivée du feu, il fait quasiment la même température à l'intérieur qu'à l'extérieur. Pour réchauffer la petite quantité d'air continue dans la bâtisse, l'être humain utilise sa propre chaleur corporelle, celle de ses pairs et celle des bêtes. Heureusement, l'être humain peut trouver refuge dans les lieux publics : églises, basiliques, thermes, temples... Si l'on peut s'étonner que tant d'énergie ait été déployée pour les dieux, c'est omettre que ces lieux de culte servaient d'abord de refuge pour les hommes et leurs vivres.
La ville, le virus et la clim'
Le covid nous a rappelé à quel point la vie sociale était à la fois nécessaire et pouvait nous rendre vulnérable. De tous temps, la démographie des villes a fluctué au gré des épidémies et l'auteur raconte comment "les antibiotiques [...] rendent caducs les fondements hygiénistes de l'urbanisme moderne" et sonnent l'avènement "d'une époque débarrassée des problèmes de santé qui entravaient la ville et l'architecture depuis son origine". Les théories (certes souvent fausses) relatives à la qualité de l'air, les espaces verts, l'espacement urbain ou la ventilation sont abandonnées, la densité n'est plus un problème médical. Autre facteur de "libération" de l'architecture : la climatisation, qui permet l'urbanisation de la Sun Belt américaine et d'une grande partie du globe à partir de la seconde moitié du XXe siècle.
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